Recit Ossau

par Eric Davancens
Aussitôt la voile levée, je me sens happé par le vent. La sensation est plaisante mais j'ai l'inquiétude d'une aérologie malsaine tellement ça monte vite. J'avance dans ma sellette pour accélérer et m'éloigner plus vite du relief. C'est bon de se retrouver suspendu après une ascension qui s'est déroulée à un tel rythme.
Il faut dire que Stéphane et Peyo n'ont pas peur de marcher vite ! Pourtant, lorsque le réveil a sonné, je ne pensais pas pouvoir avaler les 1500 m de dénivelée aussi aisément. Un petit casse croûte au sommet permit de se refaire une santé et d'observer les conditions météo : au loin, un petit nuage se forme sur le Capéran de Sesques, dans le ciel bleu uniforme. Le décollage ne se fera pas exactement du sommet. Difficile de s'envoler depuis un promontoire aussi aigu et cerné par les abîmes !
C'est en redescendant d'une centaine de mètres sur le rein de Pombie que nous trouvons le meilleur décollage. Mi-herbe, mi-rochers sur quelques mètres. Les gros blocs qui suivent n'autorisent ni le doute ni l'hésitation avant de s'élancer dans la face. Maintenant, la brise venant des parois paraît suffisante pour un envol rapide et sûr. A voir les chocards qui surgissent dans le dynamique de la pointe d'Aragon, le jeu paraît très excitant. Lorsqu'ils arrivent assez haut, ils sortent de l'ascendance par un piqué non moins impressionnant puis rejaillissent au bout d'un moment. Quelle belle démonstration ! Marc décide alors de déployer sa neuf caissons. Il faut se hâter car le nuage du Sesques grossit rapidement.
Son décollage se déroule sans problème. Presque aussitôt, il entre dans l'ascendance, ça monte fort et vite. Virage à gauche, il croise le col de Suzon, passe au dessus de l'arète de Moundehls et file droit sur le lac, plus hospitalier que la face Nord. Contact radio. C'est bon, ça secoue juste un peu.
Stéphane, impatient, s'élance avec sa 7, virage à gauche, direction Magnabaigt. Il a été convenu qu'avec sa voile, il doit assurer et ne pas se balader trop près du relief. Bonne opération car maintenant, au niveau du col de Moundehls, il est très haut et peut traverser sans soucis vers le lac.
Peyo préfère partir le dernier. Il se fera tenir la voile par deux randonneurs, sa vieille Tornado mérite bien de tels égards…
Maintenant je décris une grande courbe à gauche direction la face nord. Des grimpeurs s'activent dans les fissures. Ils n'auront certainement pas le temps de sortir de la voie avant la pluie qui arrive déjà sur Ayous. Derrière moi, Peyo vient de décoller et file droit sur Bious. J'arrive très haut à la verticale du lac. Il pleut mais je n'ai pas envie d'écourter mon vol par une série de 360, alors je traverse le lac. Impressionnant de se trouver au dessus d'une telle étendue d'eau ! J'approche du barrage. En dessous, je vois Marc et Stéphane qui plient leur voile. Je soigne mon approche car il y a du monde à l'accueil. Peyo est radieux. Il n'a pas beaucoup à argumenter pour nous convaincre d'aller fêter ça à Gabas, très simplement, avec du fromage du pays, du vin rouge et du pain"…

(le 05/07/89)


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Created: Wednesday 1 November 1995, 15:18:06
Last update Wednesday 1 November 1995, 15:18:06 by Pierre PUISEUX.

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